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dimanche 7 mars 2010

LADY VAMPIRE



LADY VAMPIRE - NAKAGAWA Nobuo -1959

GENRE : IMPORT DE STOKER DE SANG

SOUS-TITRE : NAIN CONVERTIBLE POUR LEE EN FUTON



Pendant l'anniversaire de sa fille, un homme voit réapparaître sa femme disparut depuis 20 ans. Elle n'a pas changé d'un iota. Plus tard, un tableau la représentant est dérobé au musée ...


« Lady vampire » se plante les crocs dans la moquette. Direction d'acteurs absente, réalisation moins brillante que d'habitude et une narration patchwork qui vire à l'indécision générale. La palme reviendra néanmoins à ce Dracula de pacotille empruntant aux loup-garous et qui, tout sauf fin, doit survivre avec pour aide particulier, un nain aussi utile que grand. Un invraisemblable melting pot, involontairement drôle ...

Avant-gardiste sur pas mal de points, le Japon doit bien compenser en picorant allègrement dans notre bestiaire fantastique occidental. C'est donc autour du vampire de se faire passer à la moulinette locale. Si le mythe existe depuis fort longtemps, sa remise au goût du jour notamment par le biais de la Hammer et de la figure emblématique de Christopher Lee, allait faire des petits.

Nakagawa fait ainsi le pont entre deux périodes fastes, toutes deux imprégnées du fantastique folklorique. Il avait déjà tenté de s'approprier la créativité européenne et plus particulièrement britannique avec son « Black cat mansion » (1958). Shigeru Amachi reprend le rôle de l'homme « caninisé » alors qu'il reprendra par deux fois le chemin des tournages du très cher Nobuo, dans ses deux histoires les plus célèbres.
On notera que ce n'est pas la première tentative sur le sujet de la part du cinéaste puisqu'il avait offert « Vampire moth » (1956) actuellement difficilement trouvable – il filmait ses contemporains -.

Depuis ce film, les terres de Tokyo ne sont toujours pas devenues des spécialistes du sujet mais quand on voit par où elles ont commencé, avec cet exemple frappant, on imagine que le route a du être parsemée d'embûches. Car le vampire quand il traverse le Pacifique, il a quand même de drôles d'habitudes. Déjà la consanguinité a fait du dégât puisque son rapport à la pleine lune est celui d'un lycanthrope et que le soleil n'a pas exactement un effet similaire – mais on reste dans l'idée -. il n'agit pas vraiment de la même manière avec la gente féminine se montrant bien plus brusque et privé de son flegme, par son style à la Seijun Suzuki – mais pas de sa fortune – il n'hésitera pas à foncer dans le tas au moindre problème.

Pour ce qui est des ressemblances, la dentition pas très affûtée fait partie du packaging et il possède un assistant qui peut l'aider. Mais comme ca ne suffisait pas, Nakagawa nous donne un nain qui grogne – probablement syphilitique et analphabète en plus mais passons ... -. Probablement recalé au Fort-Boyard local, il n'a d'autres choix que de virer du côté obscur de la force tout en étant d'une inutilité confondante. Que dire de son inaptitude à fermer un rideau – geste technique dit « de la tringle » qui différencie les amateurs des pro. -, de ses jets de bouteilles dans un bar qui n'achèveraient pas un moustique hémiplégique en train de péniblement sortir d'une véranda exposée plein sud ou encore de ses multiples blocages de poursuivants – XV de France tremble devant sa puissance - ... Définitivement sacré au Grazzie award du pire assistant de super-méchant en 59, il est une des incongruités fantastiques assumées. On notera aussi une sorcière qui semble s'être paumée de tournage, maquillée pour un kaidan standard, une torture à coup de pied de chandelier – il devient alors un bougieman - ou le « colosse » qui a des crises de tétanie dans ses bras ce qui lui donne un air crétin, ses bras bloqués dans les airs – Icare sous anabolisant -.

Le film débute par contre de manière bien plus sage – et classique -, avec l'arrivée d'un médecin qui reste circonspect devant l'arrêt du vieillissement de la femme. Enfin le château aperçu à la fin est faussement inspiré par ses homologues européens avec de la pierre en vrai carton d'Ecosse, des équipements typiquement asiatique comme des armes d'escrimes, des vraies colonnes grecques qui tiennent le mur, le plafond ou le sol on sait pas bien, ...
C'est assez dommage car dans de rares moments un peu atmosphériques, le cinéaste sort de sa catatonie et livre quelques fulgurances esthétiques comme des lieux embrumés. La seule période notable restera cependant le flash-back relatant la genèse de ce problème, une peinture, des chandelles, un joli jeu d'ombres ... Au milieu de ce fatras artistique, on prendrait du pangasius pour de l'omble chevalier.

Le climax des faiblesses du réalisateur semble avoir trouver une loge pelliculaire. Commençons par la narration. Déjà qu'il se paume régulièrement dans ses scripts, il ne prend même plus la peine de faire des liants. On commence par un flash-back mais il en glisse un autre à l'intérieure, à la coupe, sur un coup de tête. Etant assez simple, on s'en sort mais pour la fluidité du récit on repassera. Cette mise en abîme mal négociée est un exemple de son ingérance. Plus embêtant, il va générer deux histoires – qui vont bien évidemment être liées -. S'il passe de l'une à l'autre sans prévenir, les faire se réunir tourne un peu à la colonie de vacances ... On passe du vampire, au flic, aux nains, à la vieille, au colosse, au journaliste ... Et attention pas question de faire cela dans un lieu habité mais bien dans un coin paumé en pleine montagne dans un château caché dans les rocs – oui en fait on peut appeler ca une grotte, mais eu égard aux origines sociales du Dracula local, on va éviter d'être péjoratif -.

Si c'est déjà bien compliquer de se sentir impliqué dans l'intrigue, la direction d'acteurs est encore pire que d'habitude, à se demander s'il était sur le plateau. Amachi cabotine a mort pour faire sortir son dentier et tout le monde en fait le moins possible. Peut-être avaient-ils prévus le naufrage et voulaient qu'on les oublie vite ... ?
Toujours est-il que pour une de ses rares incursions dans le monde contemporain, Nakagawa se vautre complètement amplifiant ses tares et ajoutant un duo aussi improbable que ridicule au nouveau folklore d'après-guerre.

Avant le Methode de Heimlich, le chandelier colle, elle mute pour prendre son pied
Polnareff il a vraiment mal tourné

Il décrochera le tableau ... Ex-pivot des Tokyo dwarfs ?

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TEXTES, IMAGES, INTRIGUE, REFlEXION, COURAGE De Hibou Graïb

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